TousAntiCovid : Des millions d’euros dépensés pour une « utilité marginale » selon la CNIL

TousAntiCovid a été dès le départ très décrié et ce n’est pas le dernier rapport de la CNIL qui va arranger les choses.

Pour tenter de réguler la propagation de la Covid-19 pendant l’épidémie, le gouvernement français a mis en place une application de téléphone appelée StopCovid. Devant son échec retentissant, cette dernière a reçu un petit coup de rebranding et a signé un retour triomphal sous le nom de TousAntiCovid. Des menus plus clairs, des informations sur l’état sanitaire du pays partagées chaque jour et de nombreux Français se sont retrouvés avec le programme installé sur leur appareil. Alors c’est un succès ? Au niveau des chiffres, probablement. Concernant l’efficacité, c’est bien moins évident.

TousAntiCovid : trop brouillon pour servir à quelque chose ?

L’application a eu, il faut le dire, un destin dans lequel se sont multipliés les tracas. Déjà, lors d’une de ses mises à jour en juin 2021, des experts en sécurité avaient pointé du doigt son nouveau système de collecte de données personnelles. Ce dernier se relevait un peu trop précis et intrusif et pouvait servir assez facilement à dresser des profils précis des personnes qui s’en servaient. À l’heure où nous écrivons ces mots, on peut dire que TousAntiCovid est devenu complétement invisible et plus personne n’en parle ou ne s’en sert. La dernière mise à jour remonte même à de nombreux mois. Pourtant, à l’heure du bilan, le dernier rapport de la Commission Nationale de l’Informatique et des libertés (CNIL) n’est pas tendre avec le programme. Publié ce lundi 4 juillet, l’autorité indépendante y pointe une « utilité marginale ». Et ce n’est pas la première fois que la CNIL doute de la stratégie du gouvernement…

Selon l’analyse de la commission, son utilité reste à prouver sur certains points tant les modalités pour qu’elle se montre efficace étaient bien trop nombreuses. Pierre angulaire de sa raison de vivre, son système de suivi des contacts est ainsi remis en cause.

Trop de cases à cocher

En effet, la CNIL met en cause le nombre de conditions à réunir pour que ses bienfaits soient 100% opérationnels. Elles sont beaucoup trop nombreuses et « très dépendante du nombre d’applications activement utilisées ». Pour que ce contact tracing fonctionne, il faut par exemple que chaque cas contact ait son Bluetooth allumé en plus d’avoir renseigné sa situation médicale, ce qui n’était que rarement une réalité, comme le rappelle l’entité :

Les statistiques d’utilisation de la fonctionnalité de suivi de contacts (proportion de cas positifs se déclarant dans l’application, nombre d’utilisateurs notifiés, proportion des personnes testées positives s’étant déclarées dans l’application après avoir été notifiées, etc.) ne semblent pas particulièrement élevées.

L’entité souhaite que des améliorations soient apportées à l’application. Il a été notamment observé que « la détection de contacts à risque via « TousAntiCovid » est moins précise et que les personnes sont moins enclines à se faire tester lorsqu’elles sont notifiées par l’application. ».

La CNIL préconise donc d’en « optimiser l’efficacité technique, de sensibiliser les utilisateurs de l’application tant sur l’activation de la fonctionnalité de suivi de contacts par Bluetooth en période de forte circulation du virus ». Elle conseille également de sensibiliser sur « l’importance de se déclarer dans l’application ou encore de réaliser des tests de dépistage une fois notifié d’un risque de contamination ».

Bref, non seulement le « contact tracing » ne fonctionne pas bien, mais les personnes ayant installé l’appli ne l’utilisent pas vraiment comme il faudrait. En fait, TousAntiCovid est une sorte de grigri, un totem « d’immunité ». C’est aussi une application qui a coûté 30 millions d’euros aux contribuables et qui a participé à enrichir des sociétés privées.

Source: TousAntiCovid : Des millions d’euros dépensés pour une « utilité marginale » selon la CNIL | Android MT

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